La Fregatura / La Supercherie



Un couple italien (dont le mari est un ancien mineur) va fêter son anniversaire de mariage. En parallèle, les médias (la télévision et un jeune réalisateur qui veut tourner un film témoignage) profitant du double anniversaire des accords belgo-italiens et de la commémoraton de la catastrophe du Bois du Cazier, veulent faire un scoop en récupérant les moindres détails qui s’y rapportent. Le couple joue le jeu jusqu’à un certain point…
Lors d’un repas à l’italienne, il rassemble la famille ainsi qu’une amie sociologue de leur fille.
La rencontre des différences (langue, racines culturelles, cuisine, etc.) est enrichissante.
Ce texte, à la fois poétique, politique et philosophique, confronte les générations successives de l’immigration.
Comment réagir face aux médias assoiffés de scoops, de sensationnalisme ?
Jusqu’où témoigner et dans quelle proportion ?
Ce spectacle au parfum de néoréalisme italien ponctué de souvenirs ,d’humour, de rêves, d’illusions et de chansons, nous fait voyager de l’action au mouvement suspendu, de la parole au chant, du français à l’italien et du dialogue au monologue intérieur. Cette comédie est la troisième création par Monique Lenoble sur un texte de Cara (« festins d’Amours et de Chères » aux tréteaux de Bruxelles, « l’Autre Antigone » à l’Éden de Charleroi) servie par des comédiens tous apparentés de près ou de loin à l’Italie.






Dans un contexte contemporain où les migrations suscitent toujours davantage d’émotions et de débats, donner à voir une pièce sur l’immigration a tout son sens. Pourquoi spécifiquement une pièce sur l’immigration italienne en Wallonie/Bruxelles ?

- La population italienne est l’une des plus importantes populations émigrées en Belgique.
- Le contexte s’y prête : 2016 est l’année d’un double anniversaire : celle des accords belgo italiens (1946) et celle de la catastrophe du Cazier à Marcinelle (1956)
- C’est une pièce qui, au-delà du contexte de l’immigration italienne, interroge les fondements anthropologiques de l’immigration : non seulement les aspects politiques et économiques mais surtout les raisons intimes des personnes liées à la condition humaine en général (le mythe de « l’éternel retour » et le « mythe de l’ailleurs » par exemple)

« La fregatura » (la supercherie) montre les conséquences de l’immigration italienne des années cinquante en Belgique au sein d’une famille immigrée du sud de l’Italie en Belgique francophone et s’attarde sur la manière dont deux générations, voire trois (première, deuxième et troisième) vivent et entretiennent des relations aujourd’hui dans un contexte médiatique contemporain mondialisé.

CARA






Triple Anniversaire :
70 ans de la commémoration des accords belgo-italien, 60 ans de la catastrophe du Bois du Casier et les 40 ans du jumelage entre Etterbeek et Forte dei Marmi (Italie) - 1977-2017.

Dans ce contexte, le spectacle «La Fregatura» /«La Supercherie» a tout son sens. L’immigration italienne en Belgique est un exemple de réussite. Tant sur le plan social, culturel, politique qu’écnomique.
Ces hommes venus du pays du soleil appelés à travailler dans la grisaille et l’humidité d’un pays inconnu ; le froid ou la chaleur des profondeurs obscures et les bruits assourdissants des puits des mines.
Malgré ces conditions de travail et de vie impitoyablement dures, la promiscuité, la fatigue harassante, à arracher cet or noir du ventre de la terre, nait entre eux, hommes, femmes et enfants de différentes nationalités, une amitié, une humanité indéfectible.
Dans le cas ici de la Fregatura, le choix de l’intemporalité est voulu pour dépasser l’anecdotique et le confinement du sujet lié à une certaine époque et ainsi privilégier la situation.
Le couple Nino-Pierina confronté à l’appétit des médias lors des commémorations, joue le jeu jusqu’à un certain point sans être dupe et en gardant leur honneur et leur intégrité.
Deux types de théâtralité se dégagent de l’écriture de Cara :
des dialogues directs, coupés par des monologues ainsi que par des chants et comme souvent chez l’auteur, la table reste un élément central de la scénographie.
Dans cette pièce, j’aime la dignité et la fierté du couple Nino/Pierina, qui fêtent leur anniversaire de mariage en Italie. Tantôt ils s’aiment, tantôt ils se déchirent à l’italienne.
On traverse avec eux les souvenirs douloureux, les rêves cassés*.
Et pourtant se dégage de leur histoire une véritable philosophie et une poésie.

Monique Lenoble

* Extraits

Nino : «... A l’intérieur de nous, il n’y a pas de terre, mais des trous, les uns plus profonds que les autres. Tu les exploites par taille oblique. Tu les creuses par taille rabattante, par taille montante, par taille inclinée. Tu essaies de les abattre avec l’explosif, au rabot, au marteau piqueur. Le trou est infini. Tu tentes autre chose : tu coffres, tu boises, tu remblaies. Il est toujours là. Et comme il est en toi, tu ne le vois pas. La vie est un gros trou Pierina mia.»

Nino : «Claire, Claire comme le soleil du village. Elle m’imaginait dans l’épicerie de son père. Lui ne voyait de moi que l’huile d’olive, le poivron, la ricotta. Ce qu’il n’avait pas dans sa boutique en somme.»

Nino: «Sa mère à ouvert la porte et j’ai entendu l epère m’envoyer au diable. Je n’ia plus revu Claire. Ses parents ont exigés qu’elle déménagent chez sa grand-mère, à cinquante kilomètres. Je suis rentré au pays. Pierina m’a fait la fête. j’ai appris à l’aimer.»

Pierina : « Pour ma part Nino, c’est à Milan que j’ai compris. Je ne t’en ai jamais rien dit. J’avais emporté avec moi le chaudron de cuivre de grand-mère. Oh, il n’était pas encombrant, je l’avais rempli comme une valise. Ils l’ont vidé. Ils l’ont abandonné sur le quai comme une déchet, une ordure, une immondice. Mais le chaudron a crié Nino. Sa voix me disait la fragilité des choses, leur discrétion, leur apparence. Sa voix m’éloignait du train, de mes valises, du monde. Elle m’emmenait vers l’intérieur de moi, vers ce qui m’appartenait dedans. Voilà mon retour Nino.»










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